L’histoire des "Pins", cette villa perchée sur le côteau, déjà visible sur les très vieilles cartes postales, est, pour les Croisiens indigènes, à jamais associée à la famille De Brémoy.
La saga familiale
Vers 1908, les époux Matheron originaires de la région Lyonnaise et heureux parents de deux fillettes* fréquentent l’hôtel de Pardigon car Jeanne Matheron (née Conrad) souffre de problèmes asthmatiques que "le bon air" du coin apaise. À cette époque, le hameau de La Croix est déjà réputé pour la douceur de son climat et connu comme "Station climatérique". Hélas, M. Matheron, ingénieur des Mines dans la région de Saint-Étienne, décède. Courageusement, sa jeune veuve de 28 ans fait face et, pour revenir en villégiature, décide d’acquérir une villa dans cet environnement paradisiaque.
Le terrain sur la colline de la Corniche
La jeune femme est tombée amoureuse de La Croix : le climat lui réussit, elle adore la magnificence des paysages, aime se promener au bord de mer. De plus, sa soeur et son époux y résident déjà et elle y a des amis sur place, les Bianchini-Ferrier actionnaires du Domaine. Elle prospecte, renonce à la "Villa Alléluia" aux tuiles vernissées qui est en vente et en 1910, choisit d’acquérir un superbe terrain situé sur la colline appelée "La Corniche", juste au-dessous de la "Maisonnette"** propriété de sa soeur et son beau-frère, le Général Bonnier. Ce terrain plein sud s’ouvre sur un panorama grandiose : la mer, les îles, les bois et accroche les regards avec l’extraordinaire camaïeu de verts de sa végétation : pins maritimes à profusion, lentisques, jujubiers, arbousiers, chênes, cyprès, cèdres, etc.
La construction
Toujours en 1910, Mme Matheron se lance et fait donc construire sa maison, à son nom. Désirant jouir de la vue imprenable qui l’a séduite, elle fait creuser très haut la plateforme de cette bâtisse qui sera complétée par un garage à droite en contrebas, et un petit chalet sur la gauche***.
À l’origine, la villa "Les Pins" se composait au rez-de-chaussée d’une vaste pièce avec salle à manger, d’une cuisine à l’arrière, au premier de trois chambres… Mais, au cours des années, la maison sera agrandie, modifiée : on lui adjoindra une jolie tourelle au nord, une chambre au-dessus de la cuisine et on aménagera le grenier.
Cette villa est alors "une résidence secondaire".
La saga familiale (suite)
Vers 1910, Mme Veuve Matheron rencontre un officier, le Comte De Brémoy. Le Colonel De Brémoy est également veuf et lui aussi père de deux filles : Marguerite (qui épousera M. Jollois) et Antoinette, surnommée "Nénette", naïve et bienveillante (enfant, elle avait été victime d’une méningite), bien connue des Croisiens.
Ils se marient et la villa "Les Pins" va devenir leur maison de famille, leur maison de vacances, la maison de Mme la Comtesse et de M. le Comte De Brémoy.
Ensemble, en 1913, ils auront un fils, Pierre De Brémoy qui malheureusement décédera d’un cancer à 23 ans.
Après sa retraite, en 1937, M. De Brémoy et sa femme décident de s’installer définitivement à La Croix, dans la villa et ils y resteront jusqu’à leurs derniers jours. Le Comte, homme charmant et discret, y décèdera en 1953**** et Mme la Comtesse en 1975.
La vie aux "Pins" et dans le village
Famille bourgeoise catholique pratiquante, très sympathique, les De Brémoy, dès leur installation, ont participé dès leur installation à la vie du village où ils se sont ancrés et bien intégrés.
La qualité de ces liens est illustrée par une anecdote que racontaient toujours les "anciens" : en 1910, au cours d’une belle cérémonie où se pressait tout le village, c’est la petite Marguerite Matheron (fille de Jeanne et future Mme Duporcq) qui a posé la première pierre de notre église actuelle (église qui allait remplacer la chapelle du Domaine devenue trop exigüe).
Les De Brémoy ont toujours entretenu de cordiales et amicales relations avec tous les Croisiens. Ainsi, Nénette, qui chaque jour faisait ses courses dans les boutiques du village, parlait à tout le monde et connaissait toutes les petites histoires qu’elle partageait avec les habitants.
Plusieurs familles croisiennes ont longtemps travaillé aux "Pins" : les Folco, Ménétrier… et tous, de part et d’autre, partagent aujourd’hui encore d’amicales relations.
Actuellement, pour leurs vacances, les descendants des familles Matheron- De Brémoy restent fidèles aux "Pins", à La Croix Valmer. Philippe Duporcq, Françoise Bardin... ont leur place et leurs maisons sur la colline ensoleillée où les pins maritimes ont disparu mais où perdure la somptueuse végétation méditerranéenne.
Brigitte RINAUDO-PINEAU, conseillère municipale déléguée à l’histoire et au patrimoine
*une fillette décèdera très jeune
**nom de la terrible bataille de la Somme (14-18) donné plus tard par le Général Bonnier
*** logement de la famille Yévadian (notre cordonnier)
**** Comte J. De Brémoy (1865-1953)