L’homme, l’industriel
Louis Jarosson est né le 7 mars 1839 dans une famille catholique aisée à Sainte Foy près de Lyon. On raconte qu’enfant, pour aider les gens dans le besoin, il cueillait des fleurs et faisait des bouquets qu’il revendait à leur intention.
Plus tard, cet homme à l’esprit curieux, cultivé, infatigable et ingénieux s’intéresse à tout : à la botanique, à la montagne... À 21 ans, il crée sa première entreprise (mercerie-textile). Premier arrivé le matin, dernier parti le soir, il sait motiver et encourager son personnel. Son implication, son expérience et sa loyauté à toute épreuve font qu’il est souvent choisi pour arbitrer des litiges. Ses affaires prospèrent et il deviendra conseiller général du département de la Loire et il achète trois usines de textile.
Autour des années 1880, même au plus fort des crises économiques qui frappent l’industrie textile lyonnaise et l’économie française, il s’en remet à la providence et continue son activité avec succès. À la tête d’une fortune importante, toujours attentif et à l’écoute des autres, il créé un service médical gratuit pour tous ses ouvriers et leur famille, veille également à ce que tous leurs enfants soient scolarisés, créé ou agrandit des écoles… Il est également très actif dans toutes les œuvres sociales de l’époque : création d’écoles, hôpitaux, aide aux invalides de guerre…
A 27 ans il épouse Jeanne Peyraud et 7 enfants naissent de cette union. Malgré ses nombreuses responsabilités politiques et professionnelles, il s’occupe d’eux chaque jour, veille sur leur travail et sur leur éducation.
Vers 1881, il découvre la Provence car Jeanne, sa femme est très malade et doit y passer deux hivers. Elle décède en 1884.
Il se remarie quelques années plus tard avec une autre jeune fille lyonnaise, Reine Marie Delorme avec qui il aura 5 enfants et à chacun, il souhaite "non pas de devenir un homme éminent selon le monde mais un grand homme selon le cœur de Dieu".
Louis Jarrosson et La Croix Valmer
Séduit par la région, par son potentiel viticole et touristique, il devient actionnaire de la toute nouvelle Société du Domaine des terrains et vignobles de la Croix et de Cavalaire en 1892 et achète en 1895 la Villa de La Croix, propriété située près de l’église (c’est de cette maison construite vers 1882 par J. Chevallet que l’on relevait la météo jusqu’en 1893.) Il achète également des hectares de pinèdes sur la colline.
Louis Jarrosson est épuisé par ses multiples activités, sa santé est défaillante, il doit se reposer à La Croix qui devient sa seconde patrie. Là, toujours disponible, il se lie d’amitié avec le père Devaucoux qui préside à la construction du sanatorium pour les pères des Missions Africaines.
En décembre 1896, Louis Jarrosson et sa famille assistent à la messe de Noël dans l’église du Domaine de La Croix mais le vendredi 1er janvier 1897, il doit s’aliter. Le 28 janvier, il meurt dans sa villa.
Le 15 août 1944, les bombardements pour le débarquement des alliés frappent la légendaire Villa de La Croix qui sera partiellement détruite par un obus puis restaurée ultérieurement.
Dans les années 1957, les descendants de Louis Jarrosson transforment les terrains de la pinède en lotissements : Terre du Col et Paillon, desservis par les boulevards Jarrosson et Paillon. Sa petite fille, Geneviève Paillon, héritière de la propriété, reste avec sa famille très attachée au village. 5 et 26 de ses arrières et arrières arrières petits-enfants sont membres actifs des Amis de La Croix. Ils font toujours de longs séjours à La Villa et ils rappellent la phrase qui résume la vie de leur aïeul : "J’ai donné par poignées, j’ai reçu par brassées."
D’après Brigitte RINAUDO-PINEAU