Fin du projet "Cap Phoenix"

L’incendie de 2017 est toujours dans les esprits des Croisiens et des visiteurs par la particularité du site impacté, celui du Cap Lardier.

Depuis 2018, de nombreux spécialistes sont venus étudier durant 4 années la résilience de la forêt méditerranéenne en matière végétale et entomologique (insectes). Elles ont été orchestrées par le Parc national de Port-Cros qui a engagé un projet d’envergure "Cap Phoenix". Pierre Lacosse, agent du parc dédié au site du Lardier, restitue quelques résultats de ce projet qui vient de s’achever.

2018, projet Phoenix adopté

Cap Phoenix est un vaste projet européen destiné à la restauration d’un site qui a subi un incendie et qui accueille du public. Financement trouvé, les actions ont rapidement été mises en place. La première a été de sécuriser la zone avec des coupes d’arbres calcinés, des sentiers réhabilités et une consolidation des sols. Ensuite, des observations de la faune et la flore ont été menées avec des prélèvements sur les espèces végétales et les insectes. Des spécialistes en biologie, entomologie et botanique ont répondu à l’appel.

Résultats sur les végétaux

L’analyse de Clémentine Gombo, Docteur en botanique et biologie de l’INRA, a démontré que les zones gérées en fascines ou par la pose de filets coco pour stabiliser les sols n’ont pas influencé l’évolution de la végétation en rapport à des zones laissées telles quelles. "L’O.N.F. a confirmé qu’au dessus de 30° de pente, le fascinage a un intérêt, en dessous cela en a moins."
Ainsi donc, il n’y pas pas d’impact notoire à faire de gros aménagements pour empêcher des sols de partir. "Les sols sont moins riches quand il y a trop de densité de végétaux. La variété diminue quand le massif se referme. Après l’incendie, certaines espèces d’herbacée ont pris le pas comme le galactitès, le chardon, et la bitumineuse. Les arbres avec souches, tels que chênes, bruyères, pistachiers, myrtes, arbousiers…, sont tous repartis. Pour les pins, c’est plus compliqué car ils doivent refaire des graines lourdes. Le pin d’Alep, quant à lui, a disséminé ses graines partout ; il repousse". L’un des gros volets de Cap Phoenix était consacré sur la lutte contre les espèces envahissantes pour réduire leur impact et leur population qui reste une problématique dans la forêt des Maures (mimosas, eucalyptus). "C’est un retour dans nos activités antérieures à l’incendie." La flore est donc en pleine reprise classique.

Et les insectes ?

Une étude a été terminée en août 2021 sur les insectes. "Le travail est titanesque" explique Pierre. Saproxylophages, annélides terrestres, coléoptères et vers de terre ont été relevés. "Des millions d’insectes sont étudiés avec la trouvaille d’une nouvelle espèce seulement aperçue en Europe orientale : le clipastrea orientalis. On ne la connaissait pas ici."

Le devenir de la tortue d’Hermann

En 2018, 99% des tortues résidentes au Cap Lardier ont été retrouvées mortes suite à l’incendie. Un chiffre accablant "car plus le milieu est ouvert, plus les tortues ont de chance de s’en sortir" explique l’agent. "Au Lardier, le site était trop dense." Une étude d’observation sur Gigaro et Taillat a été menée par la SOPTOM, opérateur national sur la tortue d’Hermann basé à Carnoules. Les agents ont équipé les tortues femelles de GPS et VHF pour connaître leur parcours et trouver les zones de ponte. Bilan : des tortues juvéniles ont été vues avec une population d’une soixantaine de spécimens. Le repeuplement est donc en cours. Afin de renforcer les effectifs sur le Cap Lardier, la SOPTOM prépare pour 2022 le projet d’introduire d’authentiques tortues d’Hermann nées en captivité ou retrouvées sur des sites dangereux suite à des travaux forestiers, exemptes de maladies. "Cela n’a jamais été fait encore avec des captives" explique Pierre Lacosse. "L’espèce est protégée ; le dossier sera donc suivi de très près et financé par l’OFB pour suivre cette population durant plusieurs années. Si cela fonctionne bien, cela pourrait être retenté dans d’autres sites tels que la plaine des Maures qui vient de subir de gros dommages."

Vers 2022

"La perturbation est finie" explique Pierre Lacosse. "Les travaux de débroussaillement pour créer des corridors de lutte incendie reprennent ainsi que l’arrachage de mimosas qui envahit tout, les diagnostics et des actions de terrain telles que la protection des bassins." Les études, qui étaient en cours avant l’incendie, sur le vivant dans l’espace du parc sont relancées : inventaire de bryophytes, champignons, lichens, étude sur les abeilles, les syrphes, diptères, hippocampes, la présence du loup repéré en incursion seulement via un l’Atlas de la Biodiversité Communale (lire page 15)… "Ce n’est jamais fini car la connaissance n’est pas figée." Par ailleurs, la sensibilisation continue avec les balades-nature, l’intervention en milieu scolaire et péri-scolaire ou à l’ITEP de Sylvabelle avec chantiers, nettoyages, création de nichoirs. Enfin, les tortues d’Hermann seront réintroduites par la SOPTOM.
Cap Phoenix où la nature renaît de ses cendres. "Le cycle suit son cours"rassure Pierre Lacosse. "Il faut laisser le temps à ces forêts de vieillir et de stocker suffisamment de carbone dans le sol pour se régénérer. Il ne faut plus d’incendie."


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